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Leslie a dû se battre pour sa vie après la naissance de sa fille
En septembre 2022, j’ai vécu le moment le plus bouleversant de ma vie : la naissance de ma fille. Mais ce qui aurait dû être un chapitre rempli de bonheur s’est rapidement transformé en un combat pour ma survie.
Une semaine après mon accouchement, une douleur fulgurante m’a frappée en pleine poitrine, irradiant jusqu’à mon bras gauche. J’étais persuadée que j’étais en train de mourir. Mon compagnon a appelé les secours ; ce sont les pompiers qui sont arrivés. Sur place, on ne m’a pas vraiment prise au sérieux : j’étais jeune, je venais d’accoucher… alors, forcément, on a parlé d’une simple crise d’angoisse…ils m’ont tout de même amenés aux Urgences. À ce moment-là, je ne me doutais pas que ma vie allait basculer.
Quatre jours plus tard, lors d’une coronarographie, mon cœur s’est arrêté pendant 20 longues minutes. La cause : une dissection totale des coronaires du tronc commun, un événement rarissime. Face à l’urgence, les médecins m’ont plongée dans un coma artificiel pendant deux jours et m’ont placée sous ECMO, une assistance cardiaque vitale.
Alors, mon pronostic vital était engagé. Mon cardiologue, pourtant fort de 25 ans d’expérience, n’avait jamais été confronté à un cas aussi grave que le mien. Et je ne le remercierai jamais assez de m’avoir sauvé la vie. Contre toute attente, mon cœur a fini par reprendre le dessus. Ce fut le début d’un long chemin semé d’incertitudes et d’épreuves.
Après cet épisode, les complications ont continué. Les médecins ont découvert des dissections des artères vertébrales, sans explication génétique ou héréditaire. Malgré les examens approfondis, on n’a pu identifier aucune cause précise.
Six mois après mon arrêt cardiaque, les douleurs thoraciques persistaient, surtout au moment de mes règles. Un scanner a finalement révélé un anévrisme en formation sur l’artère qui restait disséquée. Il fallait agir vite. Le professeur Motreff, le Docteur Macia et le Docteur Tavildari ont mené une opération délicate. Ils m’ont posé un stent de 4 cm de long, un geste qui m’a littéralement sauvé la vie.
Un cas clinique rare
Mon parcours, exceptionnel à bien des égards, a retenu l’attention de la communauté médicale. En décembre 2023, les cardiologues l’ont présenté lors du Congrès international du GRCI à Paris, comme un cas clinique rare. Ce partage d’expérience a permis de mettre en lumière la complexité de ma situation et l’importance d’une approche pluridisciplinaire et réactive dans les urgences cardiovasculaires atypiques des femmes. [NdlR : sur le site du GRCI les cardiologues peuvent retrouver la présentation]
Malgré cette avancée médicale, je continuais à ressentir des douleurs cycliques. Mes symptômes s’intensifiaient chaque mois, au rythme de mes cycles hormonaux. Persuadée qu’il existait un lien entre mes douleurs et les hormones, nous avons décidé, avec l’équipe médicale, de poser un stérilet à la progestérone pour réguler mes cycles et tenter d’apaiser ces souffrances. Heureusement, cette décision a permis d’atténuer mes douleurs et d’améliorer mon quotidien.
Ma vie n’est plus la même, mais je reste combative
Aujourd’hui, deux ans et demi après ce bouleversement, ma vie n’est plus la même. Je ressens encore de la fatigue, des essoufflements et des douleurs au moment de mes cycles .
Pourtant, je m’accroche. J’ai même repris la danse, une passion qui me redonne le moral et m’aide à me reconnecter à moi-même.
Aussi, sur le plan administratif, je suis en Affection de Longue Durée (ALD) et en arrêt maladie depuis cet événement. Récemment, j’ai obtenu la Reconnaissance de la Qualité de Travailleur Handicapé (RQTH).
Malgré les défis, je refuse de baisser les bras. Je me concentre sur l’essentiel : voir ma petite fille grandir et savourer chaque instant auprès de ma famille. Je suis consciente d’être une miraculée, et chaque jour est une victoire.
Si je témoigne aujourd’hui, c’est pour transmettre un message d’espoir. Ce que j’ai traversé est inimaginable, mais je suis là. Je veux dire à toutes celles et ceux qui vivent des épreuves médicales ou des moments de doute qu’ils ne sont pas seuls. Il y a des jours difficiles, des périodes d’incertitude, mais tant qu’il y a de la vie, il y a de l’espoir. Même si mon quotidien a changé, je choisis de regarder devant moi, de célébrer les petites victoires et de croire en des jours meilleurs.