Vivre une SCAD est toujours source d’angoisse et c’est normal. Mais la recherche médicale a beaucoup progressé ces dernières années et il faut garder espoir. Du repos, du soutien affectueux, du temps et les conseils peuvent tous aider.
Hypervigilance
Beaucoup de patientes ressentent des douleurs. Elles ont été rapportées par 60 à 90% des patients atteints de SCAD dans différentes études de recherche, en particulier par des personnes portant des stents. Ce sont souvent des effets normaux de guérison (souvent de type spasme).
D’autres causes physiques de douleur thoracique peuvent être musculo-squelettiques dues à des changements dans notre posture.
Certaines personnes se sentent plus vulnérables que d’autres et s’inquiètent à chaque léger changement dans le corps. Avec un esprit en état d’alerte, il n’est pas surprenant qu’un petit changement dans le corps puisse rapidement provoquer une réaction excessive du système nerveux. Comme nous venons de vivre un événement violent, notre système de stress frappe différemment. Notre réaction de stress peut être plus aiguë, plus violente et peut se traduire par une crise d’angoisse.
Comprendre cette réaction, en parler avec d’autres qui l’ont vécu ou avec des médecins est important. Parfois un rendez-vous avec un médecin compréhensif qui prend le temps de vous écouter et de vous expliquer peut beaucoup aider. Si vous n’en connaissez pas, renseignez-vous où les trouver par exemple auprès de vos copatientes.
Sachez qu’une telle réaction ne peut se faire qu’une ou deux fois et il vous faut apprendre à connaître et prévoir ce genre de réactions,
Si vous voyez que cela vous empêche de sortir de la maison, que cela arrive trop souvent ou que non seulement vous mais aussi votre entourage en souffre trop, n’hésitez pas à prendre contact avec votre médecin pour une aide psychologique. Comme on l’a vu plus haut, la réadaptation cardiaque peut vous aider.
Crises d’angoisse
Après ma SCAD, j’ai été très anxieuse. J’avais des crises d’angoisse. J’étais très sombre. J’avais très peur d’avoir un autre infarctus et même de mourir. C’était un énorme obstacle à mon rétablissement. J’avais aussi beaucoup de douleurs vagues autour du cœur. Tout ça m’a rendu encore plus anxieuse. Cela a pris du temps avant de pouvoir parler calmement de ma peur et y penser clairement. Maintenant, les crises de panique sont presque inexistantes. J’ai plus de confiance quand je pense à l’avenir.
M.M., patiente
Heureusement tout le monde n’est pas sujet à ce genre de crises. Mais pour celles d’entre nous, qui en souffrent, il est important d’en parler.
J’étais tranquillement en train de lire. Soudainement, j’ai senti mon cœur s’emballer. Ensuite j’ai ressenti des fourmillements dans mes bras. J’avais le sentiment de m’évanouir. C’était un mois après. J’ai eu peur. Pas encore une crise cardiaque? Mon mari et ma fille aussi ont eu peur. Ils ont appelé le 15 ou le 112. Je ne me rappelle plus. Une fois que les pompiers, les premiers secours étaient là, ça allait déjà mieux.
G.B., patiente
Vraie ou fausse alarme?
Si c’est une crise d’angoisse, il n’y a pas de honte à avoir. Tirer la sonnette d’alarme est importante. Cela nous a sauvé la vie. Mais il est difficile de savoir parfois la différence entre une ‘vraie’ crise cardiaque et une d’angoisse, qui est provoqué par l’amygdale, qui n’a rien à faire avec les amygdales au fond de la bouche. L’amygdale est une zone assez petite en forme d’amande située au centre du cerveau. L’amygdale du cerveau se prépare comme pour un danger quand il n’y en a pas. Cela peut mener à des niveaux élevés d’anxiété.
Une crise d’angoisse est intense.
Elle survient spontanément et de manière soudaine. On ne sait pas pourquoi, il n’y a pas de déclencheurs directs. Elle progresse rapidement et atteint son maximum au bout de dix minutes. La résolution des signes prend 30 minutes à une heure. Après nous pouvons nous sentir franchement soulagées, mais en même temps terriblement vulnérables avec une incompréhension sur le pourquoi. Bien sûr on se sent aussi très épuisé.
Le message est donc un peu double. C’est peut-être juste une crise d’angoisse, mais appeler le 112 ou le 15 est toujours une bonne idée, même si les secours peuvent avoir des réactions étonnantes.
La réaction d’un pompier m’avait choquée. Il m’avait dit : vous ne seriez pas un peu hypocondriaque ? Mais mince ! J’ai eu une crise cardiaque il y a trois semaines ! Comment je peux savoir si c’est une crise ou pas ? Je n’appelle pas pour mon plaisir le 112 ! La médecin heureusement, m’a dit que j’ai bien fait.
M.H., patiente
Nous pouvons aussi être face à des circonstances extérieures sur lesquelles nous avons peu de contrôle. Ou bien nous lisons des informations angoissantes sur la SCAD. Notre nouvelle situation nous confronte à beaucoup de questions et à un sentiment d’’insécurité. Nous avons beaucoup à ‘digérer’, surtout au début.
Observer, analyser et comprendre nos symptômes physiques n’est pas évident. Nous pouvons avoir du mal à être objectives et ça aussi est normal. Notre corps ne réagit plus comme auparavant. Notre corps nous a déçues. Nous n’aurions jamais pu imaginer avant ce qui nous est arrivé. Donc nous avons peu de confiance en notre corps (d’où l’importance de faire une rééducation).
Trouver des solutions
En parler
Comme on l’a dit plus haut, comprendre ses réactions et en parler avec d’autres qui ont vécu des situations similaires est important. En parler avec nos médecins aussi.
Avoir de la compassion pour soi-même
Parfois aussi, ceci compte d’autant plus pour des personnes à tendance perfectionniste, nous sommes trop dures avec nous-mêmes. La langue française est dotée du proverbe: ‘le mieux est l’ennemi du bien’. Vouloir toujours faire mieux, peut dériver vers un désir de tout contrôler ou à l’inverse de ne rien faire par peur de prendre le risque d’échouer. La recherche constante de la perfection est très populaire non seulement sur les réseaux sociaux mais un peu partout dans notre société. Combien de femmes sont poussées à être une superwoman capable de tout?
La SCAD peut alors être vécu d’abord comme un échec, une grosse baffe de la vie. Beaucoup de femmes en parlent sur les réseaux sociaux. Mais cette expérience peut ensuite nous apprendre à appréhender notre vie autrement. Et même si personne ne veut vivre cette expérience, elle peut être transformée vers quelque chose de positif où on vit plus dans l’instant au lieu de se soucier de ce que l’avenir pourrait nous réserver.
Souvent, ces femmes font beaucoup plus attention à leur bien-être physique et psychologique qu’auparavant et elles sont plus proches d’elles-mêmes. Cela fait du bien.
Chercher de l’aide
Si vous voyez que cela vous empêche de sortir de la maison, que cela arrive trop souvent ou que non seulement vous mais aussi votre entourage en souffre trop, n’hésitez pas à prendre contact avec votre médecin pour une aide psychologique. Comme déjà dit la réadaptation cardiaque peut aussi vous aider.
Apprendre à lâcher prise, à ne pas être hyper-vigilante et faire une thérapie cognitivo-comportementale peut être intéressante pour mieux comprendre vos réactions physiques, vos émotions et vos pensées.
Pour les vagues douleurs, je vais chez une kiné qui travaille sur ma posture. Elle m’apprend à relaxer les muscles et à me libérer de la tension. La peur a créé beaucoup de tension dans mon diaphragme et par conséquent je souffre d’hyperventilation chronique et donc probablement aussi d’acide gastrique. Cela provoque souvent une oppression et des douleurs dans la poitrine et le dos. En abordant le stress de mon corps, je me débarrasse plus facilement de mon stress psychologique. Ça a été une quête assez difficile pour trouver ce qui fonctionne pour moi. L’EMDR a été également positif pour moi. Six mois plus tard, il est enfin possible de tout regarder autour de mon infarctus à travers des lunettes plus claires, plus optimistes … et c’est un soulagement. Le repos dans mon corps et ma tête me fait du bien.
J.J., patiente